Espace presse
© Dna, Samedi le 03 Mars 2012 : Strasbourg 25 000 mètres carrés rendus à l’activité :
La résurrection de « l’autre Seita »
Hugues Gruyer, gérant de la société Translock.
La reconversion de l’ex site Seita de la Meinau, à Strasbourg, est un exemple rare : la friche industrielle a été évitée.
À l’angle de la rue des Frères Eberts et de la rue du Doubs, dans la zone d’activité de la Meinau à Strasbourg, c’est « l’autre site Seita », celui dont on n’a finalement que très peu parlé. Inconnu de nombre de Strasbourgeois qui s’interrogent sur le sort de ces longs bâtiments gris érigés au milieu des années 1950. Les plus visibles sont les séchoirs à tabac aux aérateurs métalliques caractéristiques. Sur 4,5 hectares, 25 000 m² couverts, l’ensemble revendu en janvier 2011 par Imperial Tobacco à la société Areal Meinau semble promis à une résurrection plus rapide que la manufacture du quartier de la Krutenau.
Réhabiliter plutôt que raser
Plutôt que de raser ces étranges bâtiments de béton tout en longueur (jusqu’à 261 mètres !), le nouveau propriétaire a choisi de les transformer, confiant à l’architecte strasbourgeois Jean-François Denner cette reconversion. Des quatre longs bâtiments parallèles, le plus à l’ouest réunira sur 9 000 m² des show rooms pour négociants professionnels, ce qui est déjà largement la vocation de ce quartier. Les autres seront loués ou vendus en lots de taille variable. Au sud, l’imposant bâtiment administratif a déjà été repris et réhabilité par le cabinet d’expertise comptable Fidual sur quelque 500 m². La grosse villa d’angle, maison du directeur entourée de beaux arbres, dont un superbe hêtre rouge, pourrait accueillir des bureaux et un restaurant.
L’un des premiers occupants, le transporteur indépendant Hugues Gruyer, 44 ans, un agent commercial reconverti dans le transport à façon et la location d’utilitaires, est très heureux de la cellule de 180 m² qu’il vient d’acquérir, avec sa grande porte sectionnelle : « Mon siège est à mon domicile, mais je n’avais pas d’espace de stockage. C’est tellement difficile et prohibitif de trouver une petite surface à Strasbourg », dit ce gérant. L’endroit intéresse aussi des commerçants du centre de Strasbourg, qui manquent de place à l’exemple de Fiesta Republic.
Les grands arbres protégés
« Nous aurions pu faire table rase — c’était le premier projet — et construire des bâtiments jusqu’à 18 m de hauteur. Nous avons préféré conserver les constructions existantes, très solides et finalement rationnelles. Même l’architecte était abasourdi par la qualité des bâtiments. Les murs sont d’une épaisseur impressionnante et les fondations sont incroyablement profondes, ce qui nous a posé quelques problèmes pour les réseaux. Nous avons fait très attention à protéger les grands arbres, rares sur un tel parc d’activités », explique Peggy Marchal, gérante d’Areal Meinau.
Discrète sur le montant de l’investissement immobilier, porté par un associé allemand, Eckehard Ficht, un homme d’affaires de Lahr qui a prospéré dans la revente d’équipements de sonde main, la gérante estime à 4 millions d’euros les travaux de réhabilitation, avec une voirie entièrement refaite. Les premiers occupants sont dans la place. De nouvelles livraisons interviendront en avril, la partie « vitrine » sur la rue du Doubs, débarrassée de son triste mur de béton devant être achevée à la rentrée de septembre. « Ce qui me réjouit vraiment, c’est que le site va conserver son âme », affirme Maggy Marchal, qui pilote les travaux avec l’architecte. « Il aurait été impossible, pour nous d’acquérir, neuf, un immeuble d’une telle qualité », témoigne Fabien Clauss, l’un des trois associés de Fidual, montrant ferronnerie, parquets de chêne et doubles murs.
Antoine Latham
© Dna, Samedi le 03 Mars 2012 – Tous droits de reproduction réservés
Vu dans Strasbourg Magazine (Sept 2011)